Une journée de garde forestier en Forêt de Soignes

Écrit par Olivia Regout - 31 juil. 2014, 00:00 (Mis à jour: 12 janv. 2022, 04:32)
Une journée de garde forestier en Forêt de Soignes
A la recherche d’un peu de fraîcheur au cœur de l’été ? BrusselsLife.be vous emmène à l’ombre de la hêtraie cathédrale pour une petite promenade au côté de Dominique Leclercq, garde forestier en Forêt de Soignes.

Il est 7h30 du matin. Nous avons rendez-vous devant la maison de fonction de Dominique Leclercq, au beau milieu de la Forêt de Soignes. Il habite là depuis plus de vingt ans avec sa femme et ses enfants. « Il y a neuf maisons de fonction réparties dans les différentes zones de la forêt. Elles sont normalement attribuées aux gardes forestiers. Mais quand j’ai commencé en tant qu’ouvrier forestier, elle était libre donc j’ai pu y emménager ».

Que la journée commence…

La matinée commence par une réunion avec les ouvriers de la brigade 2. « Je suis en charge de la troisième brigade mais cette semaine, je remplace ma collègue ». Nous embarquons dans le véhicule de l’IBGE et traversons la Forêt de Soignes par les petits chemins. « Quand j'en ai l'occasion, je fais tout ça en vélo ». En route, Dominique Leclercq nous explique qu’il sillonne les chemins de la forêt depuis presque 30 ans: « J’ai habité à Tervuren puis à Wezembeek. Au scout, la forêt de Soignes était mon terrain de jeu. J’y ai pris goût. J’ai donc commencé comme ouvrier en 1985 et onze ans plus tard, je suis devenu garde forestier ».

Nous arrivonssur le site de la 2e brigade, une petite cabane en bois située du côté de la chaussée de Wavre et construite il y a 20 ans par les gardes forestiers. Dominique Leclercq ouvre la portière à son berger malinois impatient de se dégourdir les pattes. Il nous fait rentrer.

Le chef d’équipe des ouvriers, Noël Meganck nous rejoint avec la fiche des présences. Les deux hommes font un point sur la situation du jour. Les orages d’hier ont provoqué la chute d’un arbre. Il va falloir vérifier si d’autres dégâts sont à constater. « Les ouvriers organisent leur travail librement sur une semaine. On leur donne des fiches avec les tâches à accomplir et ils gèrent leur temps. Avant le système était très hiérarchisé et cloisonné, l’ouvrier forestier n’avait pas grand-chose à dire. Maintenant, ils ont plus d’autonomie. Ce qui est normal. Ils connaissent le terrain, ils voient ce qui s’y passe et puis ils sont aussi très bien formés ».

Alors que les ouvriers montent dans leur camionnette pour rejoindre leur besogne forestière du jour, un curage de fossé pour commencer, Dominique Leclercq s’en retourne à sa cabane. « La partie administrative de mon travail me prend 50% du temps. Maintenant, on a des ordinateurs qui nous permettent d’archiver, de traiter et de transmettre rapidement les données donc c’est intéressant et ça nous facilite la vie. Mais c’est loin d’être la partie du travail que je préfère».

Petit tour du propriétaire

Venu à bout de sa tâche administrative, le garde forestier reprend son itinéraire sur les chemins de la forêt. Naya, le berger malinois, retrouve sa place à l’arrière du véhicule. Le chien accompagne Dominique Leclercq dans ses longues journées de travail. 

Il est temps de vérifier si l’orage a occasionné d’autres dégâts. Sur le chemin des Troisfontaines, Dominique Leclercq repère un problème. Un dispositif anti-érosion mis en place en début de semaine a été détruit par les pluies torrentielles de la veille. Ni une ni deux, il met pied à terre, appareil photo à la main. « Quand je tombe sur un souci comme ça, je prends une photo. L’appareil encode les données GPS. En un cliché, j’ai toutes les informations dont j’ai besoin ».

Nous venons à peine de repartir que nous nous arrêtons déjà. Un chiot sans laisse poursuit un cycliste en aboyant. Le garde forestier descend sa vitre et avertit la propriétaire du chien : « Vous devez avoir une parfaite maîtrise de votre chien pour le lâcher dans cette zone ». Un avertissement suffit pour cette fois mais s'il constate que l'infraction se reproduit, Dominique Leclercq dressera un procès-verbal. « Je suis officier de police judiciaire à compétence restreinte sur le territoire de la forêt en matière d’environnement et de conservation de la nature. Donc, dans un cas comme celui-ci, je peux mettre un PV si nécessaire … »

Gestion du peuplement

Parmi, les diverses tâches qui lui sont affectées, ce que le garde forestier préfère par dessus tout, c’est de travailler à la gestion du peuplement. La hêtraie cathédrale est composée d’arbres datant de 1850. Vieux de plus de 200 ans, certains arrivent en bout de course. Il faut donc penser au futur en suivant un plan de gestion pour repeupler la forêt. Dominique Leclercq s’attèle donc à cette tâche : « On doit avoir une vision à long terme. Le hêtre risque de mal supporter les changements climatiques alors que le chêne y sera plus adapté. Il faut pouvoir se projeter à 20, 50, 100 ans. On est en perpétuelle recherche, c’est un métier très enrichissant. On expérimente, on voit ce que ça donne. Parfois, c’est en observant la nature vivre seule qu'on apprend le plus et qu'on obtient ensuite les résultats les plus surprenants ».

Garde forestier, un sacerdoce…

Le travail en Forêt de Soignes demande d’être polyvalent mais dans l’équipe de Dominique Leclercq chacun a aussi sa spécialité. « L’un s’intéresse aux gibiers, l’autre aux amphibiens… et finalement, nos compétences se complètent ».

Quand nous demandons à Dominique Leclercq quelles sont les qualités requises pour être un bon garde forestier, il nous répond : « Le métier de garde forestier, c’est presque un sacerdoce. Il faut être réellement passionné et disponible. Et puis, il faut aussi aimer vivre un peu en autarcie bien que la Forêt de Soignes s’ouvre de plus en plus au public ce qui implique que nous devons, nous aussi, nous adapter ».

Bastonnage de ronces

Nous nous arrêtons à hauteur de deux cavaliers. L’un se penche de son cheval pour nous expliquer qu’une branche obstrue un chemin un plus haut. Une photo plus tard, nous rejoignons le groupe d’ouvriers forestiers le long de la Drève du Relais des Dames. Ils sont en pleine activité de « bastonnage » de ronces.

Le chef d’équipe, Noël Meganck nous explique pourquoi les ouvriers ont troqué la débroussailleuse contre le bâton : « Coupées à la débrousailleuse, les ronces repoussent très vite. Ici, on tape de façon très ciblée sur les jeunes tiges qui se plient et prennent beaucoup plus de temps à se régénérer. Et puis, c’est moins de pollution, moins de bruit. On ne perturbe pas le milieu. Tout à l’heure, il y avait une chevrette avec ses faons un peu plus loin. Ils sont restés là sans être dérangés par notre travail ».

En remontant en voiture, le garde forestier nous explique l’importance d’un tel procédé. « On s’est rendu compte que la ronce nous aidait à protéger les plantations. Si elle se développe dans des proportions raisonnables, elle permet de préserver les jeunes pousses en tenant éloigné le gibier et de conserver l’humidité au sol. Certains ouvriers sont formés en sylviculture. Quand ils viennent avec des idées comme celles-ci, c’est important d’être à l’écoute ».

Alors que Dominique Leclerq nous raccompagne à l’orée de la forêt, il nous confie « je vis un rêve éveillé, je vais avoir du mal à lâcher prise ».

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