Une journée de cocher à Bruxelles
Sur le tas de fumier de la ferme du parc Maximilien, le coq a à peine commencé ses vocalises matinales. La journée du cocher commence comme celle d’un palefrenier. Il faut nourrir les chevaux, nettoyer les boxes et enfin entretenir le matériel. Fourche en main, Thibault Danthine charge le crottin et prévient d'entrée de jeu : quand on voit les deux calèches sur la Grand Place, on ne s'imagine pas tout le travail qu'il y a derrière.
Du travail, des chevaux et des hommes. Nous sommes quatre cochers pour cinq chevaux. Quatre sont dans notre écurie du centre-ville. Le cinquième, Sam, est au vert dans une prairie de Meise. Les hommes, comme les chevaux, se relaient aux rênes et à la traction des deux calèches.
Thibault a mis le pied à l’étrier dans un manège condruzien. C'est là qu'il rencontre en 1993 un certain Félix-Marie Brasseur. Le futur double vainqueur de la Coupe du Monde d’attelage à quatre chevaux l'initie et le convertit… Ses études le conduisent à Bruxelles. Et vingt ans plus tard, ce cocktail a conduit au retour des calèches sur la plus belle Grand Place du Monde.
En voiture...
L'heure tourne, il est maintenant 10 heures. Els nous rejoint dans les écuries. Aujourd'hui, c'est elle qui tiendra les rênes de la deuxième calèche. Si l'attelage n'avait aucun secret pour elle quand elle a rejoint Thibault en novembre dernier, elle a dû tout apprendre de Bruxelles. Et vérification faite, elle a bien retenu la leçon! Même si elle reconnaît volontiers continuer à en apprendre tous les jours.
Dans la cour de la ferme, il est temps de débâcher les deux calèches, d’atteler les chevaux et de monter en voiture. Direction le centre-ville au petit trot. Sur les pavés mouillés du quartier Sainte-Catherine, les chevaux sont extrêmement à l'aise et leurs sabots étonnement silencieux. Thibault lève un coin du voile. Notre maréchal-ferrant, Wim, a trouvé ces fers en Allemagne. Ils sont en caoutchouc pour éviter de glisser et moins bruyants que des fers classiques. Revers de la médaille, nous avons dû équiper nos calèches de sonnette pour avertir les gens de notre arrivée.
Il est 11 heures. A l’angle de la Grand Place et de la rue Charles Buls, au pied t’Serclaes, la présence des chevaux, de leurs calèches et de leurs cochers, ne laisse personne indifférent. Quelques touristes cèdent à la mode du selfie avec Bo...
Premiers passagers
Après quelques minutes d'attente, une famille néerlandophone est la première à marquer son intérêt. Haky sera leur cheval et Thibault guidera. Il relâche les rênes et à la voix, le convoi s'ébranle. Sur le parcours, tout en donnant quelques informations historiques, notre cocher reste vigilant et ne relâche en aucun cas sa concentration. Il n'y a pas de voiture mais beaucoup de gens, nous devons avoir un oeil partout. Et quand il le faut, Thibault actionne sa sonnette aux accents de tram de la STIB.
Sur le parvis de l'église Saint-Nicolas, l'attelage marque une pause. Le temps pour les chevaux de se reposer et pour les passagers de descendre de voiture quelques instants. Direction le Manneken-Pis et le quartier Saint-Jacques avant de revenir au point de départ.
Entre deux tours, Thibaut et Els prennent soin de leurs chevaux. Et quand l'un ou l'autre passant les complimente sur la beauté de leur attelage, c'est le travail de toute une équipe qui est récompensé. En plus des soins quotidiens, nos chevaux sont suivis par un vétérinaire et un nutritionniste. Ils sont soignés aux petits oignons.
Tout au long de la journée, les passagers vont monter et descendre de voiture tandis que la capote se lèvera et s'abaissera au rythme des averses.
Il est 18 heures, la journée touche à sa fin. Bo et Haby retrouvent Mia et Mira dans leur écurie de la ferme du Parc Maximilien. Les chevaux y reçoivent une dernière fois de la nourriture et de l'eau avant la nuit. Tandis qu'ils rêveront de leur future écurie en dur, Els, leur cochère, plongera dans les bras de Morphée en pensant au retour prochain de Sam, l'irish cob actuellement en prairie...
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