No Body Else @Théâtre Molière
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Écrit par BrusselsLife Team -
01 déc. 2009, 00:00
(Mis à jour: 13 déc. 2012, 07:59)
Pas le corps d'un autre. Le nom d'un autre. Les mots d'un autre. Le vêtement d'un autre. Le maquillage d'un autre. L'histoire d'un autre mais pas le corps. Entre fiction et réalité, le corps de l'acteur est mis en tension. Nous n'avons qu'un corps. On ne peut pas changer de corps. On ne pourra définitivement pas se mettre dans « la peau » du personnage. On peut simplement jouer des rôles, être appelé autrement.
No Body Else. Le titre d'une création
Marilyn Monroe, la star de Hollywood, a changé de nom. Il y avait Norma Jean Baker, la petite fille de l'orphelinat. Il y aura Zelda Zonk, la femme ordinaire cachée derrière des lunettes noires, coiffée d'une perruque brune et d'un chapeau, qui ira à New York se perdre dans les auditoires de l'Actor's Studio. Nous suivons ses traces, nous écoutons son histoire. L'histoire d'un ange. Un ange aux ailes arrachées qui saigne de son sang de femme. Qui se vide. Qui est seule. Seule et sombre, cette femme se fond dans le trop plein de son chaos intérieur. Vide, cette femme, mais lumineuse dans l'enveloppe qui la fait apparaître au monde. Nous ne voulons pas représenter Marilyn. Nous ne pouvons pas représenter Marilyn. Nous allons donc la découvrir et puis jouer, faire jouer une mise sur la scène. Notre actrice, qui elle, est vraiment là, va se laisser traverser par une mémoire.Pourquoi elle ?
Dominique Serron, habituée aux adaptations, signe ici une écriture originale jubilante, féminine, intime. Par le rêve éveillé et collectif de cette part ombrée de l'actrice, elle tente de repousser un peu le cliché de Marilyn que le monde achète et vend. Notre actrice, par son jeu, nous aide à penser à elle. France Bastoen nous aide à nous la figurer autre, nouvelle, femme, actrice, artiste. Et par elle, nous exhumons les questions qui nous hantent. Qu'est-ce que le jeu ? Comment vivre sa vie de femme en étant une actrice ? Qui a raison de qui ? Jusqu'où peut-on aller ? Où est vraiment la subversion ? Nous jouons avec les limites, les bords, la structure. Le vertige, ça fait peur. Et c'est comique par moment. Eclatant. Remuant. Polie, rabotée, creusée, modelée, travaillée, pétrie, peinte, ses cheveux de plus en plus platines, Marilyn a besoin de plus en plus de temps pour se préparer. Décapée, la peau blanchie au blanc de clown, cousue dans sa robe, naturellement sophistiquée, tellement elle-même. Trop absolue. Elle se noie dans la peur de ne pas y arriver. Mais aussi, elle s'abandonne à ses secousses, amusée par son jeu, par l'effet produit par ses compositions gestuelles et vestimentaires. Elle fait chavirer tous les mâles et périr d'envie tout ce qui vit. Elle en est morte.
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