Les Noirauds envahissent Bruxelles
Pantalon bouffant, haut de forme et collerette blanc neige, le passage des Noirauds se fait toujours en fanfare. Mais qui se cache derrière ses visages noircis ?
Noiraud, qui es-tu ?
Si, un jour au milieu du mois de mars, vous décidez de vous rassasier dans votre restaurant préféré du centre-ville, votre repas risque bien d’être quelque peu perturbé par une bande de joyeux lurons. Vous ne les reconnaîtrez pas. Leur visage noir leur garanti l’anonymat. Mais qui se cache derrière cette épaisse couche noirâtre ? Sous le chapeau haut de forme se trouve des Bruxellois qui ont choisi de s’engager comme bénévoles pour la bonne cause. Ils représentent la plus ancienne Œuvre caritative de Belgique. Leur cheval de bataille ? Les enfants défavorisés de 0 à 14 ans. L’argent qu’ils récoltent permet d’offrir des soins, des études ou encore des vacances à ceux qui n’en ont pas les moyens.
La plus ancienne Œuvre caritative de Belgique
En 1876, Bruxelles connaît un hiver particulièrement rigoureux. A l’époque, l’aide sociale est surtout l’apanage de généreux philanthropes plutôt que celles des administrations. Quelques bourgeois de Bruxelles décident de rassembler anonymement leurs efforts pour sauver une crèche au bord de la faillite, la crèche du Sureau. Leur idée est d’aller chercher l’argent là où il se trouve : chez leurs pairs qui ont pris leurs habitudes culinaires autour des plus belles tables de Bruxelles. Cet hiver-là, ils récoltent suffisamment de fonds pour sauver la pouponnière.
L’année d’après, ils relancent l’initiative. Ils choisissent alors un nom le « Conservatoire Africain » et une devise « Plaisir et Charité ». Depuis lors, chaque saison de carnaval est une nouvelle occasion d’endosser le déguisement de Noiraud au profit des enfants.
Noirauds de la tête au pied
Si vous vous demandez pourquoi les Noirauds ont opté pour le grimage noir et une tenue plutôt folklorique, nous devons replonger dans le contexte de l’époque. Dans les années 1870, la mode est à l’Afrique noire. Les territoires de ce continent encore inconnu alimentent l’imagination de la population. En créant leur costume, les Noirauds mettent en forme ce qu’ils s’imaginent être les tenues des notables africains… Mais l’objectif de ce déguisement est surtout de préserver leur anonymat.
Sous le patronage de la Reine Paola
En 1961, le « Conservatoire Africain » reçoit une attention particulière de la Princesse Paola. La future Reine des Belges offre son patronage aux Noirauds. Pendant 30 ans, elle remet annuellement un berceau symbolique qui permettra de soigner un bébé durant une année. Il se murmure même qu’en 1976, les princes Philippe et Laurent ont participé à la collecte des Noirauds bien caché derrière un déguisement…
Si vous n’avez pas croisé de Noirauds lors de leur sortie anuelle, vous pouvez encore les aider en faisant un don à n’importe quel moment de l’année.
Crédit photo : skyfish / Shutterstock.com
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