Les Gilles (de Binche) à Bruxelles

A l’occasion de nombreuses festivités, pas forcément carnavalesques, il n’est pas rare de croiser des gilles qui battent le pavé bruxellois. Ces gilles, engagés pour l’occasion, viennent généralement de la Région du Centre mais en aucun cas de Binche. La tradition interdit en effet aux Binchois de porter le costume en dehors du Mardi Gras et dehors des murs de la ville.

Expo 58

Une tradition violée au moins à une seule reprise. C’était en 1958 à Bruxelles. Un groupe de gilles avait alors parcouru les allées de l’Expo 58. Parole de Binchois, on ne les y reprendra plus!

Manneken-Pis

C’est bien Binche et son musée du Carnaval et du masque que l’on retrouve derrière le costume de gille offert à Manneken-Pis en février 2014. A grands renforts de violes et de tambours, tout Binche était alors monté à Bruxelles pour remplacer l’ancien costume qui datait de 1929. Un costume que le ketje le plus célèbre de la ville devrait porter à chaque Mardi Gras.

Ommegang

Des gilles font leur apparition sur la Grand-Place deux soirs par an. Lorsque l’Ommegang bat son plein, des personnages coiffés de plumes d’autruche entament un rondeau devant Charles Quint et sa court. Mais que font des gilles au cœur de cet événement bruxellois ? Nous avons mené l’enquête auprès d'un spécialiste du passé de la ville, Roel Jacobs.

L’historien nous éclaire sur la présence de cette touche folklorique binchoise dans le spectacle de l’Ommegang. En 1949, Charles Quint fait le tour des villes de notre région pour présenter son fils et successeur : Philippe II. Des fêtes s’organisent pour accueillir l’empereur et son héritier. La sœur de Charles Quint, Marie de Hongrie est alors gouvernante des Pays-Bas espagnols. Elle est aussi dame de Binche où elle a fait construit son prestigieux château. Pour saluer la venue de son frère et son neveu, elle entend faire les choses en grand. Alors que la court de Charles Quint s’est installée à Bruxelles pour profiter de quelques réjouissances, un chevalier approche l’Empereur pour lui soumettre une requête particulière. Il l’invite à rejoindre Binche où sa sœur a organisé des festivités grandioses. Parmi ses activités, un tournoi plutôt folklorique prend place : un « pas d’armes », sorte de combat quelque peu théâtral lors desquels des chevaliers doivent libérer des vierges prisonnières de malfaiteurs.

Le spectacle de la Grand Place reconstitue de façon folklorique cet épisode de l’histoire. Les gilles ont été choisis pour représenter le folklore binchois. Et puisque ceux de Binche ne peuvent sous aucun prétexte quitter leur ville, l’Ommegang fait appel aux gilles de Marchienne-au-Pont.