Des frites, des frites, des frites ! Deux semaines en l'honneur des fritkots de Belgique
En Belgique, tout le monde raffole des frites, à part ou en accompagnement, tant que la sauce ne manque pas ! Depuis quelques lustres, les frituristes et les agences régionales de l’agriculture organisent une semaine de la frite ou du fritkot rassemblant toutes les bonnes adresses où se rassasier dans leurs contrées. Mais depuis quelques années, Bruxelles manque à l’appel. Une histoire bien belge !
Brusselslife a faim de réponses et a rencontré Bernard Lefèvre, président de l’UNAFRI-NAVEFRI, l’association des frituristes de Belgique !
Il était une fois la culture de la friture en Belgique…
Mondialement connu comme le peuple « mangeur de frites », le Belge aime se délecter de cette fierté nationale, au fritkot ou à la maison. Que ce soit en cornet ou en barquette, en accompagnement de nos plats préférés, de boulets sauce lapin, de moules, de carbonnades, d’un tomate crevettes ou d’un poulet mayonnaise, il y a presqu’autant de possibilités de menus avec des frites que de sauces qui cassent la baraque !
Et ce n’est pas une réputation usurpée, avec presque 5000 fritures pour plus de 500 communes, plus de 130'000 kilos de pommes de terre pelées uniquement pour les fritkots. Le Belge est aussi le champion mondial de la consommation des frites surgelées, avec 16 kg par famille par an et le titre de premier exportateur de la planète. Présente sur tout le territoire et à nos frontières au Nord de la France (Flandres) et dans le Sud des Pays-Bas (Brabant, Flandre et Limbourg hollandais) la culture de fritkot est un lieu de rencontre, qui rassemble. Du grand et petit bourgeois à l’ouvrier et au paysan, tout le monde s’y retrouve, c’est une chapelle de plus dans notre paysage. N’est-ce pas d’ailleurs là que le Belge se précipite à son retour de vacances ?
Aucune origine historique concernant les frites est aujourd’hui tenue pour version officielle dans notre royaume. On en connait cependant plusieurs variantes, oscillant entre réalité et légende. L’une d’entre elles, relatée par le chroniqueur Jo Gérard, parle d’une origine au XVIe siècle dans le Namurois, en bord de Meuse. Les pauvres pêcheurs voisins du fleuve se nourrissaient de petits poissons comme menu fretin, c’est-à-dire cuits à la friture, avec de l’huile. Lors d’un hiver très rude, le fleuve gela et les pêcheurs remplacèrent les poissons par des pommes de terre découpées en forme de poiscaille. La frite était née !
Certains contredisent cette version, arguant que la patate a fait son apparition dans nos provinces que deux siècles plus tard, quéne biesse ti ! Quoi qu’il en soit, ce qui est sûr et certain, c’est que les premiers fritkots ont fait leur apparition dans les provinces belges au XIXe siècle lors de nos célèbres foires et kermesses. Le fritkot est donc l’un des ancêtres du food-truck, aux prémices de la cuisine de rue ! Son nom vient du bruxellois, fusionnant le beau produit qu’il vent (la frite) avec le mot « kot », signifiant cabanon. Historiquement appelé « friture » en Belgique, flamande comme wallonne, le terme « friterie » s’impose de plus en plus en français…
Tout comme l'horripilant « french fries » , ce nom daterait de la Première Guerre Mondiale, quand les alliés anglo-saxons stationnaient sur le front de l'Yser dans les Flandres (où les officiers parlaient le français). Une région, qui en Belgique ou en France, était déjà parsemée de baraques à frites et autres fritkots. Une autre explication, plus tardive voudrait que le verbe « to french », issu du gaélique, signifierait couper en fines lamelles. Mais nous n'y croyons guère. Quoiqu'il en soit, tout cela ne nous privera pas de savourer nos délicieuses frites, bien belges !
A quelle sauce cuisiner vos frites ?
La tradition culinaire belge a sa propre façon de cuire ses frites et pas avec n'importe quels produits. Une manière particulière qui a marqué les esprits (et les papilles) de par-delà le monde de la gourmandise. Nous livrons ici ses quelques « secrets » ...
Tout d'abord, des produits de qualité, issus de notre agriculture locale. De bonnes pommes de terre, qu'elles soient des Bintje, des Agria ou des Désirée. Et bien-sûr, de la bonne graisse de boeuf ! Les vraies frites bien belges font en général 1 centimètre de côté. Rien ne vous empêche si vous les préférez plus larges ou allumettes de quand même les préparer à la belge.
Ensuite, il vous faut plonger vos frites dans un bain en deux étapes : la première durant 7 minutes à 140°C, la seconde durant 2 minutes à 170°C. Vous aurez alors des frites belles et dorées, croquantes à l'extérieur et savoureuses à l'intérieur. Comme le dit si bien Bernard Lefèvre : « une bonne frite doit successivement nager, chanter et enfin sauter ! ».
Enfin, ce sont aussi les sauces qui font le charme de notre friture, la Belgique en compte un nombre presqu'incalculable ! Andalouse, curry ketchup, sauce joppie, sauce kermesse, sauce tartare, etc. Il en faudrait des journées pour toutes les goûter !
Une semaine de la frite disputée cette année
Alors que ce sera déjà la 19e édition de la « week van de friet » dans les Flandres (avec le caractère social du fritkot comme thème) et la 8e pour l’édition wallonne, la capitale ne dispose plus de semaine à elle depuis 2012. C’est le constat amer de Bernard Lefèvre, président de l’union des frituristes de Belgique (UNAFRI-NAVEFRI), qui appelle les autorités régionales bruxelloises au secours de cet élément précieux de notre folklore local…
C’est bien d’une sacrée histoire belge qu’il s’agit. Depuis des années, alors qu’il n’avait pas été facile de mettre tout le monde autour de la table, le fritkot se fêtait lors d’une semaine « nationale » à la fin du mois de novembre et le début du mois de décembre. Car oui, depuis les nombreuses réformes de l’Etat, l’agriculture (locale en tout cas) est compétence régionale. Ce sont donc les différentes agences qui se chargent de faire la promotion de « leur » patrimoine. Mais cette année, Flandre et Wallonie auront leur semaine de la frite en décalé pour problème d’agenda… Pourtant tout baigne dans l’huile entre les deux organisations responsables.
A Bruxelles, les frituristes avaient eu droit à leur édition avec « Je suis zot de mon fritkot » en 2010 et avec « Atomiam » en 2012. Mais plus rien depuis. Un manque de considération de la part de la région ? Le fritkot figure pourtant à l’inventaire du patrimoine bruxellois. En tout cas, du côté de la Ville de Bruxelles, l’échevin de l’urbanisme (NDLR : Geoffroy Coomans) avait lancé le concours « Une frite dans le ventre » pour redessiner les fritures de la commune. Une épreuve remportée par le bureau d’architectes Studio Moto dont les créations verront le jour dans le courant de l’année 2019.
Ce n’est cependant pas une raison pour ne pas (re)découvrir les nombreux fritkots de Bruxelles ! Ce n'est pas cette petite bisbrouille qui fera tâche dans l'histoire dorée de la friture de par chez nous. Comme disent nos « amis français » : « gardez la frite » !
Où aller manger votre cornet de frites ?
A la recherche de bonnes adresses pour déguster vos frites à Bruxelles, nous vous conseillons le site Fritmap qui recense les meilleures fritures du pays. Nous vous avons sinon listé quelques immanquables, du Nord au Sud de la capitale :
- Friterie Vandervaeren - Delforge : Boulevard du Centenaire, 1020 Laeken ;
- Friterie Houba : Avenue Houba de Strooper 13, 1020 Laeken ;
- Friterie du Miroir : Place Reine Astrid 1, 1090 Jette ;
- Friture Tabora : 181-183 rue de Laeken, 1000 Bruxelles ;
- Fritland : 49 rue Henri Maus, 1000 Bruxelles ;
- Friterie Tabora : 2 rue de Tabora, 1000 Bruxelles ;
- Friture de la Chapelle : Place de la Chapelle, 1000 Bruxelles ;
- Friterie Saint-Josse : Place Saint-Josse, 1210 Saint-Josse-ten-Noode ;
- Maison Antoine : Place Jourdan, 1040 Etterbeek ;
- Frit'Flagey : Place Flagey, 1050 Ixelles ;
- Friterie de la Barrière : 5 avenue du Parc, 1060 Saint-Gilles ;
- Friterie du Bourdon : 1155 chaussée d'Alsemberg, 1180 Uccle ;
- Chez Clémentine : 40 place Saint-Job, 1180 Uccle ;
- Le Tram de Boitsfort : Place Wiener, 1170 Watermael-Boitsfort.
Crédits photos & textes : Flickr & UNAFRI-NAVEFRI.
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