Des arbalétriers sous l'église de la place Royale
Aujourd’hui protégée par une grille, l’impasse du Borgendael longe les murs du Palais Royal à partir du coin de la place du même qualificatif. Au fond, sous l’église du Coudenberg, on découvre l’antre des arbalétriers du Grand Serment …
Un Grand Serment résolument bruxellois
Fondé -ou plus précisément reconnu officiellement- en 1381 le serment était alors composé de bourgeois armés. Ces bourgeois détienaient dès lors le pouvoir de l’arme en plus de ceux du commerce et de l’argent. Il n’en fallait pas plus pour que les ducs, seigneurs et autres magistrats de l’époque les soignent aux petits oignons, se comportant avec eux comme de véritables maveigers (ndlr : frotte-manche en bruxellois).
A partir du quinzième siècle, la chapelle érigée 150 ans plus tôt par les arbalétriers au Sablon se transforme pour devenir la majestueuse église gothique que nous connaissons aujourd’hui. Le week-end de l’Ascension, les arbalétriers du Grand Serment s’agenouillent toujours sous la nef de Notre-Dame du Sablon pour honorer les différents roys de l’année.
En 1930, à l’aube de son 550ème anniversaire, le Grand Serment est, avec Albert Marinus (folkloriste) et Adolphe Max (bourgmestre), à la base de la renaissance de l’Ommegang. Il continue naturellement à défiler chaque année au départ du Sablon en direction de la Grand Place.
Au XXIème siècle, le Grand Serment Royal et de Saint-Georges continue de défendre Bruxelles, non plus avec les armes mais en préservant et en continuant de faire évoluer les traditions et le patrimoine bruxellois (Ommegang, Meyboom, Folklorissimo, Festival Carolus,..). Inutile de préciser que Manneken-Pis possède un costume d’arbalétrier. Enfin, plutôt deux. Un premier, en armure, précieusement conservé au Musée de la Ville pour le protéger des affres du temps et un second, en costume Renaissance, que le Petit Julien se fait un plaisir de porter régulièrement.
Un Grand Serment musée
Le musée, installé dans les locaux du Grand serment, conserve plus de 1.500 pièces relatives à l’histoire des arbalétriers bruxellois et à leur actualité. Les arbalètes anciennes y côtoient les trophées, affiches, photos, drapeaux, costumes et autres peintures. Membre du Conseil Bruxellois des Musées, le musée se visite le jeudi soir entre 20h et 23h. Les groupes, en passant par une réservation préalable, sont les bienvenus à d’autres moments. L’occasion de découvrir un pan méconnu du folklore bruxellois et de s’initier au tir à l’arbalète. Plus d’infos sur www.arbaletriers-saintgeorges.be. Avant qui sait de prêter serment et de rejoindre cette gilde multiséculaire.
Un Grand Serment sportif
Aujourd’hui, la petite centaine de membres du Grand Serment et leurs invités continuent de pratiquer le tir à l’arbalète. A 6, 10 ou 20 mètres, ils ne poursuivent qu’un seul but : s’approcher le plus possible du centre. Chaque année, un roy est désigné pour chacune des distances.
Pour être roy, si la recette est connue, il n’est pas pour autant donné à chacun de la maîtriser : s’immobiliser, faire corps avec son arme, maîtriser sa respiration et sa circulation sanguine, viser… Une fois la détente pressée, la flèche vole à plus de 180 km/h vers la cible. En compétition, après quatre tirs de réglages, l’arbalétrier dispose de 10 flèches pour réaliser le meilleur score possible.
Plus de quarante gildes regroupant environ trois mille tireurs s’adonnent aujourd’hui au tir à l’arbalète à travers le royaume. Inutile de préciser que nos favoris pressent la détente dans un sous-sol bruxellois.
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