Deliveroo en chiffres
Dans les marchés actuels, on est souvent dans la politique du « Winner takes all ». Pas de compromis avec le concurrent. Il faut le tuer. Lorsque nous amis belges de Take Eat Easy ont échoué dans leur levée de fonds et qu’ils furent contraints de mettre la clef sous le paillasson, on s’attendait à une monopole de Deliveroo dans le service de livraison.
C’était sans compter sur le dynamisme d’Uber Etats qui s’est lancé dans l’aventure. Ils se sont tellement bien installés à la place de notre start-up belge qu’ils ont carrément repris leurs bureaux. Mais ils démarrent avec énormément de retard sur l’incontestable leader du marché : Deliveroo. Pas de souci pour eux dans les levées de fonds puisque la dernière leur a permis de rapatrier plus de 275 millions de dollars. C’est donc du lourd. La start-up créée en 2013 opère dans plusieurs pays : Royaume-Uni, Pays-Bas, France, Allemagne, Belgique, Irlande, Espagne, Italie, Émirats arabes unis, Australie, Singapour et Hong Kong.
En matière de résultats en Belgique, c’est le black-out sur les commandes et le nombre de restaurants. Une fois le break even obtenu, la société dirigée avec énormément d’empahtie par Mathieu de Lophem sera plus bavarde. Ma petite cuillère me dit que ce moment ne saurait tarder.
Du boulot pour les jeunes
Les étudiants ont la possibilité de gagner leur croute en livrant tous les jours durant des shifts. La véritable richesse, c’est que les jeunes sont livrés à l’heure et non à la livraison. Ils quadrillent les quartiers et la zone de chalandise entre le consommateur final et le restaurant est réduite afin de garantir les délais. Moins de 30 minutes. Voici ce que gagne un jeune selon le schéma suivant : «
Quatre soirs par semaine, de 19h à 23h15, Rémi effectue des «shifts longs» dans un des secteurs de la capitale. Il est «facturé» 7,50€ de l’heure, auxquels s’ajoutent 2€ pour chaque livraison. En moyenne, il confie arriver à faire «8 à 9 livraisons» par soir. Soit 50€ de revenus en moyenne par «shift long». Tous les samedis, Rémi effectue également un «shift court». Il travaille donc 2 heures de 20h à 22h, payé au même tarif horaire. En général, il effectue «6 à 7 livraisons» par soir. Soit 30€ de revenus en moyenne par «shift court». Par mois, Rémi gagne donc en moyenne 920€ pour 80 heures travaillées par mois. Une somme à laquelle il faut ajouter 50€ de pourboire. Soit un total de 970€ brut. ».
Ce n’est donc pas négligeable. Ce n’est pas de tout repos car notre capitale, c’est une ville qui n’est pas complètement plate. C’est donc l’occasion pour ces jeunes d’affûter leurs conditions physiques.
Une véritable bouée pour certains restaurants
Tout restaurateur vit avec l’angoisse des réservations ou de son taux de remplissage. De nouveaux outils lui permettent de gérer ses réservations et faire du Yield Management. Remplir les moments creux avec des tarifs intéressants. Comme dans un avion.
Mais il peut aussi faire livrer via Deliveroo une série de plats de sa carte. Cela fait tourner son équipe dans les moments creux. De gérer son stock pour jeter le moins possible. Chaque fois que le temps est maussade, ce sont les annulations qui pleuvent. La mobilité et le parking à Bruxelles sont un véritable cauchemar pour les restaurateurs qui n’ont pas de parking à proximité ni la possibilité d’organiser un service voiturier. Soit on pleure, soit on réagit et on s’adapte.
Bien entendu, le restaurateur laisse une partie de la marge bénéficiaire auprès de son partenaire Deliveroo mais cela reste intéressant. Si déjà, une partie ou la totalité des frais généraux est couverte par le take away, c’est un excellente manière d’assurer sa pérennité. La restauration 3.0 est donc en marche. Seuls survivront à cette actuelle crise celles et ceux qui s’adapteront le plus rapidement. Deliveroo conquiert le monde et amène le restaurant chez ceux qui n’ont pas toujours le courage de se déplacer ni se préparer leur tambouille. C’est un excellent modèle économique. Surtout depuis l’avénement de cette fameuse « black box » qui est l’oeil de Moscou sur le chiffre d’affaires.
Sans doute, un jour, ce seront des drones qui vous livreront mais en attendant, c’est un jeune qui, pour se lancer dans la vie, enfourche sa bicyclette pour que vous puissiez profiter en toute tranquillité d’un très bon plat. Comme au restaurant.
Avez-vous apprécié cet article?
Partagez-le