De la subversion à la subvention : colloque sur la place du street art en ville
Le graffiti, un art né dans la clandestinité des ruelles sombres, dans les sous-sols du métro et les terrains vagues des cités. D’abord accusé de vandalisme, il s'est aujourd’hui métamorphosé en « street art » et se vend comme des petits pains.
Du célèbre Banksy à notre résident Bonom, en passant par nos Crayons nationaux, l'art urbain s'expose, se produit, s'achète. Tout en restant contestataire ?
C'est autour de ce noeud gordien que s'attaque le colloque "De la subversion à la subvention..." organisé la semaine prochaine à la faculté d'architecture de l'ULB.
Le street art, entre "subversion et subvention", un équilibre sous tension...
A Bruxelles, nous sommes un bon exemple de cette tension entre l'approche rebelle et celle plus conventionnelle de l'art urbain. Entre les commandes privées et publiques, le parcours BD, le parcours street art d'un côté et les graffitis et autres oeuvres tapageuses qui ornent les coins et recoins du Canal ou de Saint-Gilles de l'autre côté, on ne sait plus trop situer cet art urbain.
Pour les autorités, c'est le difficile exercice de l'ordre et de la propreté publics à maintenir (et ne parlons pas du respect d'autrui, citoyens comme biens), mission essentielle et primordiale. Mais aussi, le développement d'une culture esthétique urbaine qui a beaucoup d'attrait pour la population, électeurs comme touristes.
Pour les artistes, c'est le difficile équilibre entre le pinceau de la défience et de l'irrévérence, qui a fait le succès de la discipline comme ses premiers pas, et les nombreuses sollicitations d'entreprises et institutions en recherche de décoration et de promotion d'événements, de locaux, de quartiers à redynamiser.
A l'ère du tout à la marchandisation, de l'entertainment 2.0 et du surconsumérisme culturel, le street art était trop branché pour y échapper, aussi bâtardes soient ses origines ! La question se pose alors, l'art urbain est-il devenu une attraction essentiellement destinée à un public de bobos, à une élite déconnectée du reste de la population qui cherche à s'encanailler ?
Une organisation de passionnés de l'espace urbain
Ce colloque fort d'actualité (rappellons la saisie des oeuvres de Bansky exposées au STROKAR inside) est le travail d'un casting de spécialistes du genre : Eric Van Essche et Christine Schaut du SASHA (pour architecture et sciences humaines, centre de recherche sur les matières en liens avec ces deux disciplines académiques, des matériaux de construction à l’aménagement urbain).
Daniel Vander Gucht du GRESAC (Groupe de Recherche en Sociologie des Arts et des Cultures) ; et par Chloé Deligne du LIEU/MSH (Laboratoire Interdisplinaire en Etudes urbaines/Maison des Sciences Humaines, ce centre de recherche regroupe géographes, historiens, sociologues, architectes, urbanistes et autres spécialistes passionnés par les questions urbaines).
Les organisateurs sont accompagnés d'un comité scientifique ainsi que d'une équipe de conseillers et de coordination académique. Le tout avec le soutien du Fond National de la Recherche Scientifique.
Le street art sera abordé sous l'angle de différentes questions-thématiques lors du colloque : l'esthétisme, la politique, la sociologie et la culture. La conférence qui inaugurera l'événement aura pour thème « une autre ville créative est possible ».
Programme :
Mercredi 28 : conférence inaugurale ;
Jeudi 29 : 9h30 la question esthétique, 14h30 la question politique ;
Vendredi 30 : 9h30 la question sociologique, 14h30 la question culturelle, 19h projection finale.
Avec comme artistes, conférenciers et autres intervenants : Adrien Grimmeau, Boris Grésillon, Charles Ambrosino, Bonom, le collectif Propaganza, le musée MIMA et plein d'autres. Plus d'infos ici.
Infos pratiques :
Du mercredi 28 au vendredi 30 novembre (en soirée le 28 et en journée les jeudi et vendredi) à l’auditoire Victor Bourgeois à la Faculté d’Architecture de l’ULB (La Cambre – Horta, 19 place Flagey, 1050 Ixelles). Entrée libre.
Crédits photos, sources et textes : The Conversation & Eric Van Essche, Faculté d’architecture la Cambre - Horta, LIEU/MSH, SASHA, ULB.
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