Coro Santa Cecilia @ KlaraFestival

On peut bien sûr aménager les programmes, les horaires, l'attitude. Mais on ne peut pas détruire l'estrade à la hache. Alors pourquoi ne pas laisser là la salle de concert et aller à la rencontre de la rue? Pas comme le Symphonique de Moscou qui un jour d'après-perestroïka s'est retrouvé à Londres à faire la manche pour se payer son billet retour.

Rendez-vous Grand Place

Non, un rendez-vous hors les murs, assumé, planifié, et au demeurant totalement imprévisible. L'année dernière, aucun des membres du VRO ne savait ce qui allait résulter de sa symphonie de Tchaïkovski, entonnée dans la rotonde de la Galerie Ravenstein. D'abord interloquée, la cohorte de navetteurs qui y glisse chaque jour sans laisser de traces s'attarde un instant ; puis c'est au tour des musiciens de l'orchestre de se prendre au jeu. Le lien brisé s'est reformé, le pouls de la musique classique s'est remis à battre à tout rompre. Cette fois, c'est au tour du Choeur de l'Accademia Nazionale di Santa Cecilia, créé par bulle papale par le Pape Sixte V en 1585. Ses 90 chanteurs s'invitent au centre de Bruxelles avec les musiques a capella les plus sérieuses et les profondes du monde. Pas de démagogie ici, c'est une mission sacrée que nous donne Sainte Cécile!

Rendez-vous Bozar

Après la Grand-Place, le Choeur de Sainte-Cécile prête main forte au Brussels Philharmonic (VRO) pour deux créations belges. De quoi rajouter à la liste des compositeurs pour lesquels il a déjà chanté (de Palestrina à Liszt !) les noms de Busoni et de Scelsi (Forza Musica oblige !). Ne vous encourrez pas ! Après tout, Busoni, en bon postromantique, regarde encore vers un passé audible (l?harmonie quoi) ; et il réussit pour ce concerto pour piano et choeur d?hommes (1904) à mêler des thématiques à la Liszt et l?orchestre massif de Brahms. Pfhat de Scelsi (1974) est naturellement plus écorché, condensant en 9 minutes quatre brefs mouvements où le compositeur, dont on fête par ailleurs les 20 ans de la mort, dépeint avec concision la révélation mystique que lui a inspirée l?orchestre. Un sous-titre ? Un éclair? et le ciel s?entrouvre. Si vous êtes arrivé jusqu?ici, vous avez droit à un lot de consolation : le Chant du destin de Brahms. Allez, la vie n?est pas si dure !

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