Charaton, un hôtel 4 étoiles pour les chats
Il est 9h quand nous franchissons la porte du numéro 35 de la rue Borrens à Ixelles. Jacques Bellicourt nous fait entrer dans la pension qu’il tient avec passion depuis maintenant 12 ans. Nous passons un hall d’entrée avant d’arriver dans un vaste espace. « Avant, ces locaux étaient occupés par une imprimerie », nous explique le vétérinaire à la retraite. Aujourd’hui, les machines ont laissé la place à une petite ruelle aux allures méditerranéennes constituées de 21 maisonnettes d’un blanc éclatant. Derrières les façades, une vingtaine de matous se prélassent le temps des vacances de leurs maîtres.
Chaque bungalow est équipé d’un panier, d’un arbre à chat, d’une litière… « Pour le reste, les occupants amènent ce qu’ils veulent : des jouets, une couverture… Un jour, une personne a même apporté le fauteuil de son chat, il était presque trop grand pour passer la porte de la cage ».
Inspection des troupes
Une odeur de désinfectant flotte dans l’atmosphère, Jacques Bellicourt vient de terminer son rituel quotidien de nettoyage des cages. Alors que nous remontons l’allée de maisonnettes, il nous explique : « chaque chat a son local qui fait près de 3 fois les dimensions légales pour un chat en pension (1 m³). Les animaux n’ont pas de contacts physiques entre eux ». A de rares exceptions près : « Jacky a 3 mois. Il est petit et parvient à passer entre les barreaux de sa cage. Je l’ai donc mis en compagnie d’un autre chaton du même âge pour qu’il soit plus calme. Ils s’entendent bien. Ça a l’air de marcher ».
Une musique de fond berce les oreilles affûtées des félins et apaise les esprits. Elle permet d’éviter qu’une chorale de miaulements ne vienne perturber la quiétude des lieux. A notre passage, l’excitation monte un peu. Quelques chats émergent du sommeil et se manifestent. Au numéro 1, Guci a l’air blasé. Au numéro 3, Victor-Etienne, le British shorthair, se frotte au grillage de la porte dans l’espoir de recevoir une caresse. Un bungalow plus loin, Nounours joue les timides alors que son voisin Champy nous crache carrément dessus.
En arrivant devant la cage n°2, un dessin attire notre regard. Un signe attention suivi de la mention « Grrrr » avertit les visiteurs. Jacques Bellicourt explique « Oui, celui-là… ce n’est pas un gentil. L’autre jour, il m’a attaqué le mollet pendant que je nettoyais sa cage ». Un peu d’indulgence tout de même pour cette bête mise en pension par ses maîtres pour deux longs mois… Pas étonnant qu’elle trouve le temps long.
Hôtel All In
Dans la pension de Jacques Bellicourt, les chats sont aussi en vacances. Le Charaton Village est un peu comme un hôtel All Inclusive à 12€ la nuit. Au programme : délassement les griffes en éventail, amusement garanti dans l’arbre à chat et service de restauration en chambre assuré par un professionnel. Avec 40 d’expériences en tant que vétérinaire, le maître des lieux comprend parfaitement les chats : « je vois directement quand un chat ne va pas bien ».
L’idée de créer une pension pour chat a trotté dans la tête de notre hôte durant toute sa carrière, « les gens me demandaient sans cesse si je connaissais un bon chenil où mettre leur animal de compagnie pendant les vacances. A Bruxelles, il existe très peu de pensions agréées. Quand je suis arrivé à la retraite, je me suis lancé ».
Des exigences saugrenues
Avant de quitter la pension, nous demandons à Jacques Bellicourt si les maîtres des boules de poil qu’il a un jour hébergé ont parfois eu des exigences saugrenues. « La maîtresse de Guci demande toujours qu’il soit installé dans le numéro 1 ou 3, là où il y a plus de mouvement. J’ai déjà reçu une photo de vacances de la part d’un maître qui voulait que je la montre à son chat. Evidemment, il ne pouvait absolument rien voir. Un autre a envoyé une carte postale qu’il m’a demandé de lire à voix haute à son matou. La carte disait « Ici tout va bien, nous ne t’abandonnons pas… ».
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