Bruxelles Sauvage, une histoire d'hommes et d'animaux

Écrit par Olivia Regout - (Mis à jour: 23 déc. 2014, 15:41)
Bruxelles Sauvage, une histoire d'hommes et d'animaux

Si vous n’en avez jamais vu de vos propres yeux, vous connaissez certainement quelqu’un qui connait quelqu’un qui a déjà aperçu un renard à Bruxelles. Pour Bernard Crutzen, la première rencontre a lieu un soir de 2009. Alors qu’il rentre chez lui à vélo, une boule de poil rousse se dresse sur sa route. Frappé par cette vision surréaliste, naît dans l’esprit du réalisateur l’idée d’un film qui raconterait « la rencontre bizarre entre une capitale européenne et des animaux sauvages qui s’y promènent ».

Bernard Crutzen, le réalisateur

Originaire de Verviers, Bernard Crutzen adopte Bruxelles dès la fin de ses études en 1985. Une parenthèse de 7 ans à l’île de la Réunion l’éloigne de la capitale jusqu’en 2007. En parallèle, sa carrière de réalisateur guide ses pas aux quatre coins du monde. Ses documentaires traitent de piraterie en Somalie, d’une montagne sous-marine dans l’océan indien, de troupeaux de zébus malgaches ou encore de Magritte. Aujourd’hui, Bernard Crutzen change sa caméra d’épaule et part sur la piste de la faune sauvage bruxelloise avec le film « Bruxelles Sauvage ».

Bruxelles sauvage, le concept

« Bruxelles Sauvage » n’est pas un documentaire animalier. Le film se présente plus comme un documentaire de société raconté à la première personne dans lequel le réalisateur s'interroge sur la place des animaux dans la ville : « J’ai voulu poser la question de la cohabitation. Comment l’homme et l’animal peuvent-ils vivre ensemble avec les craintes des uns et la fascination des autres ? », explique Bernard Crutzen. « Et puis, je voulais mettre en avant la politique en la matière ! »

Des renards mais pas seulement

Si toutes sortes d’animaux sauvages bruxellois sont passées devant la caméra de Bernard Crutzen, le renard y a une place de choix. « On estime qu’il y a un millier de renards à Bruxelles bien que les chiffres ne relèvent d’aucune étude scientifique. Ils sillonnent surtout les rues de la commune d’Auderghem et d’Uccle ».

Outre le renard, le réalisateur s’est penché sur le cas des crapauds du Sablon, des lapins de Koekelberg, des couleuvres de Jette, des lérots de Schaerbeek…

Une histoire d’hommes avant tout

Si vous vous demandez comment Bernard Crutzen s’y est pris pour capturer des images de ces animaux dont vous ne soupçonniez peut-être même pas l’existence, il vous révèlera ceci : « Pour approcher les animaux, il faut commencer par approcher les Bruxellois qui les nourrissent ou qui les côtoient ». Et pour trouver ces gens, c’est surtout une histoire de bouche à oreille : « C’est typique d’une ville conviviale comme Bruxelles où tout le monde se connaît. Par exemple, j’ai expliqué mon projet à une amie infirmière qui m’a parlé d’une dame qu’elle soignait et qui, tous les jours, nourrissait un renard dans sa cuisine. Petit à petit les gens se sont donné le mot et le projet a pris de l’ampleur à tel point que j’aurais pu continuer à tourner pendant deux ans… ».

Visionnez ici un extrait du film "Bruxelles Sauvage"

Pour Bernard Crutzen, son projet était autant une aventure humaine qu’un tête-à-tête avec la faune sauvage. « J’ai aimé travailler avec les Bruxellois. J’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes dont je n’aurais jamais pensé croiser la route : un agent de Bruxelles-Propreté qui m’a surtout parlé de son expérience avec les corneilles, un conducteur de tram de la ligne 44 qui aperçoit souvent des chevreuils, un dératiseur et puis des naturalistes… »

Secrets de tournage

Bernard Crutzen a tourné avec une équipe de 3 personnes (caméraman, ingénieur du son, assistante) lorsque le temps le permettait. Mais c'est souvent seul qu'il sortait la nuit... Pour filmer les renards, le réalisateur nous raconte : « : J’attendais le jour des poubelles et je sortais vers 23h. J’ai beaucoup filmé depuis ma voiture. Je baissais la vitre et les renards ne me voyaient absolument pas. J’attendais là parfois jusque 3h du matin ».

Si le réalisateur est parti en tournage 108 fois, il n’a souvent ramené aucune image lors de ses sorties. « Parfois c’est simplement une question de chance. Une fois j’ai attendu des heures et puis, tout à coup, un renard a surgi pour venir renifler le micro de ma caméra. Je n’arrivais même pas à le filmer tellement il était près ».

« J’ai eu des gros coups de bol notamment avec les lucanes cerf-volant. Ils sortent de terre seulement deux semaines par an pour se reproduire. En deux heures, j’ai réussi à filmer un accouplement et un combat de mâles. Alors que des gens attendent parfois des années pour obtenir ces images ».

Le bitume en toile de fond

Pour Bernard Crutzen, la chasse à l’image n’était pas une mince affaire. Non seulement, il fallait trouver l’animal mais le contexte était aussi important. « J’ai toujours cherché à garder en toile de fond le milieu urbain et non les espaces verts. Je trouvais le contraste plus intéressant ».

Le réalisateur travaillait en collaboration avec les gardes forestiers qui le prévenaient quand un animal sauvage s’aventurait en ville. « Un matin, j’ai reçu un appel d’un garde me signalant qu’un chevreuil était perdu Porte de Hal. Je suis tout de suite parti avec ma caméra mais il était 8h, il y avait des embouteillages et je ne suis malheureusement pas arrivé à temps. Et puis, j’aurais rêvé filmer un renard grand place mais le plus proche que j‘ai obtenu se trouvait près du Parlement européen ».

Conscientiser le Bruxellois

« Bruxelles Sauvage » pose à la fois la question de la cohabitation entre l’homme et l’animal. Si dans un premier temps Bernard Crutzen trouvait fascinant la présence des animaux sauvages à Bruxelles, son opinion a évolué : « Il faut garder un juste équilibre ». Avec son film « Bruxelles Sauvage », le réalisateur entend aujourd’hui conscientiser les Bruxellois face au nourrissage excessif de toutes ces espèces sauvages qui risque que de mener à une surpopulation et, par conséquent, à une chasse aux sorcières.

« Je suis un Bruxellois convaincu. J’ai voyagé dans toutes les communes pour récolter des images. J’ai découvert des sites incroyables. Aujourd’hui, j’ai envie de dire aux gens : Regardez Bruxelles comme vous ne l’avez jamais fait ! Ouvrez les yeux et vous allez voir des choses incroyables ! »

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