BrusselsLife avec Martin Sixsmith
Martin Sixsmith, ce nom vous dit quelque chose ? Sans doute avez-vous récemment mis les pieds dans la pénombre de votre cinéma préféré pour découvrir l’histoire vraie de Philomena Lee. Le film retrace le destin de Philomena, une Irlandaise qui dans les années 50 tombe enceinte hors mariage alors qu’elle n’est encore qu’une adolescente. Considérée comme une femme déchue, elle est envoyée au couvent de Roscrea où les soeurs vendent son fils à un couple d’Américains. Des années plus tard, elle croise la route de Martin Sixsmith, un ancien journaliste de la BBC qui s’intéresse à son histoire. Ensemble, ils partent à la recherche de l’enfant.
BrusselsLife.be avec Martin Sixsmith
Alors que le film connaît chez nous un succès retentissant, nous nous sommes intéressés de plus près à la vie de Martin Sixsmiths. Avant d’être envoyé aux quatre coins du monde et d'atterrir dans la vie de Philomena Lee, le journaliste londonien a débuté sa carrière à Bruxelles où il occupa le poste de correspondant pour la BBC de 1982 à 1985.
Pour BrusselsLife.be, le bienfaiteur de Philomena a accepté de fouiller dans sa mémoire pour en extraire ses souvenirs façonnés chez nous.
Votre carrière de journaliste a commencé à Bruxelles. Était-ce votre choix?
Venir en Belgique n’était pas mon choix. A la fin de mes études, en 1981, j’ai commencé comme journaliste stagiaire à la BBC avant d’être envoyé comme correspondant à Bruxelles. Il y avait toujours deux correspondants sur place : un junior et un senior. Je fus donc envoyé comme junior en 1982.
Comment avez-vous réagi quand vous avez appris que vous seriez envoyé ici?
J’étais très excité. C’était l’époque où tout se mettait en place à Bruxelles qui devenait le centre de l’attention européenne. C’était donc une opportunité exceptionnelle. Le fait que je parle français n’était sans doute pas étranger à mon affectation à Bruxellles. Mais ce n’était pas ma première expérience à l’étranger: j’avais étudié à la Sorbonne, à Leningrad et aux Etats-Unis.
Quelles furent vos premières impressions en arrivant?
J’étais tout simplement heureux d’être là. En tant que journaliste, j’avais du travail à profusion. A titre personnel, j’étais marié et notre premier enfant avait déjà trois ans quand nous sommes arrivés. Nous nous sommes installés à Woluwe-Saint-Pierre.
Et ensuite...
Vivre à Bruxelles fut relativement facile. La ville est facile à maîtriser, pas très grande mais très internationale. C’était un plaisir de découvrir les différentes cuisines du monde. Déjà à cette époque, nous pouvions recevoir toutes les chaînes de télévision internationales et se procurer les journaux anglais ne posait aucun problème.
En tant que jeune correspondant de presse, la situation centrale de Bruxelles était idéale. Je faisais un job de “pompier”, j’étais envoyé aux autres coins du pays pour couvrir des catastrophes ferroviaires ou des meurtres. Pour suivre l’actualité européenne, je me rendais également à Strasbourg une fois par mois.
Comment occupiez-vous votre temps libre?
Woluwe était l’endroit idéal pour vivre pour un couple avec des jeunes enfants. La semaine, ils allaient à l’école à Jean XXIII et le week-end nous les emmenions au Parc de Tervuren. Notre troisième enfant est né à Cavell, nous l’avons naturellement surnommé notre “Brussels sprout”, notre choux de Bruxelles.
Qu’est-ce qui vous a dérangé? Qu’est-ce que vous n’aimiez chez nous?
La plupart des gens disaient déjà qu’ils n’aimaient pas Bruxelles. Pourtant c’est une belle ville facile à vivre. Je dois quand même admettre que l’offre culturelle londonienne m’a manquée. A Londres, il y a chaque soir deux ou trois concerts de classe mondiale. Même regret pour le théâtre. Mais quand vous décidez de déménager vers une nouvelle ville, vous devez aussi décider de la prendre comme elle est et d’en garder le meilleur.
A la fin de votre séjour, étiez-vous plutôt un expat ou un Bruxellois?
Je ne me suis jamais vraiment senti comme à la maison, comme un Bruxellois. En tant que correspondant à l’étranger, vous êtes habitués à vivre ici et là pendant 2, 3 ou 4 ans. C’est peut-être à Moscou que je me suis le plus senti à la maison. Croyez-moi, les expats qui prétendent se sentir loin de chez eux comme à la maison ne disent pas la vérité.
Etes-vous revenu à Bruxelles depuis?
Bien sûr ! Nous avons gardé des amis chez vous et c’est toujours un plaisir de leur rendre visite.
Aujourd’hui, quel est le premier souvenir qui vous revient quand on vous parle de Bruxelles?
Sans aucun doute le drame du Heysel lors de la finale 1985 de la Coupe d’Europe des clubs champions. J’y étais à la fois comme journaliste et comme supporter des Reds. Je me suis rendu à de nombreuses finales européenne et celle-là était tout simplement horrible. C’était tout simplement affreux!
J’ai aussi assisté à la comédie judiciaire qui s’ensuivit. Je suis allé aux audiences et j’ai entendu comment toute la faute a été rejetée sur les supporters de Liverpool, seuls incriminés dans cette affaire. Ce n’est pas vrai. Les deux camps étaient responsables du drame et les infrastructures du stade n’étaient pas du tout prêtes à accueillir un tel match.
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