Une journée avec la Brigade Bikers de Bruxelles

Quand nous les retrouvons au pied des escaliers de la Bourse sur le coup de 10 heures, ils sont déjà en route depuis deux bonnes heures. Après les présentations de rigueur, on enfourche les vélos direction Rogier par le Boulevard Adolphe Max. Les consignes sont claires : tolérance zéro ! La sécurité des boulevards du centre est à ce prix.

Les bikers orientent leurs patrouilles vers la protection des usagers faibles, le respect des zones piétonnes et des bandes réservées au bus. La brigade de la police de Bruxelles Capitale Ixelles tente chaque jour de dissuader les automobilistes d’adopter des comportements inappropriés ou dangereux. Comportement dangereux pax excellence : le stationnement sur la piste cyclable !

Au printemps dernier, les grands boulevards du centre faisaient enfin une place au vélo. Depuis l’inspecteur Stevens et ses hommes veillent à faire respecter cette place. « On a commencé par une période de prévention, ensuite nous sommes passés à la répression. »

Nous n’avons pas parcouru 500 mètres que l’agent Robert met pied à terre pour constater une première infraction: un stationnement sur la piste cyclable. Pendant ce temps, son équipier en profite pour appuyer sur les pédales et mettre un deuxième conducteur à l’amende. Il faut bien l’avouer, pour que le Bruxellois retienne la leçon, il faut toucher à son portefeuille. Et avec une contribution de 100€ au trésor public, il devrait la retenir !

Une action qui porte ses fruits

Pendant que les automobilistes pris sur le fait essaient de transiger, nous constatons les effets de la présence quotidienne de la brigade sur cet axe : les livreurs habitués sont attentifs à laisser la piste cyclable libre lorsqu’ils s’arrêtent et la radio n’a pas encore fait état d’une agression dans le quartier. « Sur nos vélos nous pouvons intervenir très rapidement, rien ne nous arrête. Les voleurs à la tire l’ont appris à leurs dépens », nous confie l’agent Eddy Robert.

En chemin inverse, nous profitons de la piste dégagée pour faire le point sur l’historique de la Brigade Bikers de Bruxelles avec l’inspecteur Stevens : « La brigade a été créée en août 2005. Nous avons profité de l’expérience hollandaise dans le domaine pour être efficace le plus vite possible. Aujourd’hui nous sommes 10 bikers, tous le sont devenus sur base volontaire. Nous allons nous agrandir dans les prochains mois et une brigade devrait être affectée à la zone UNESCO (ndlr : la Grand Place et ses environs) »

Couloir de bus de la gare centrale

Un petit détour par le quartier Stalingrad avant de mettre le cap sur la Gare Centrale. Au passage les bikers sont salués par les habitants du quartier qui les ont adoptés à force de les voir patrouiller dans la zone. Petite grimpette en direction de la gare et les hommes s’installent en haut du couloir de bus. La récolte va être rapidement fructueuse, en moins d’une minute, deux voitures s’y engagent ! En 2012, plus de 8.000 procès verbaux ont été dressés pour ce type d’infraction à Bruxelles. 

Pendant que l’inspecteur Stevens met la main à la pâte, l’agent Dimitri Tharouniatis se confie : « Pour moi ce n’était pas une évidence de rejoindre les bikers. Aujourd’hui, c’est devenu une passion. J’ai rapidement été séduit par le côté sportif de la fonction, la clarté de la mission et la liberté dans le travail avec mon équipier. De plus, nous sommes une petite famille dans la grande famille de la police. »

Nous sommes rapidement interrompus par des touristes égarés. Avec le temps, la brigade est également devenue une ambassadrice de la ville : le capital sympathie du vélo brise la glace avec les passants. Ce sont également les bikers qui encadrent le peloton vélo de la Roller Bike Parade et qui escortent les premiers coureurs des 20 Kilomètres et du Marathon. L’inspecteur sort de sa réserve : « Les lâchers de la Roller Parade, c’est génial ! ».

Retour dans le centre

Retour sur le boulevard Anspach, pour le gros lot de la journée : un automobiliste stationné sur la piste cyclable. Jusque-là, un grand classique. Les choses se compliquent lorsque le conducteur s’avère être en déchéance du permis de conduire. La priorité ? Dégager la voiture pour rendre la piste à nouveau libre. « Certes, nous devons verbaliser mais avant tout, nous devons régulariser la situation. » Un passant accepte de déplacer le véhicule et la patrouille remonte en selle.

Onze heures approche. La rue Neuve va devenir piétonne. Une vérification sur place s’impose. En chemin, les bikers gardent les yeux bien ouverts. Ce motard sans gants ni chaussures appropriées en sera bon pour un avertissement. Les éventuels cyclistes au comportement dangereux ne leur échappent pas non plus. Une fois rue Neuve, le dernier  automobiliste récalcitrant est remis dans le droit chemin et l’artère commerçante est entièrement offerte aux piétons.

Alors qu’un petit crachin se met à tomber sur la capitale, les bikers avouent en cœur : « Nous n’avons qu’une seule ennemie : la pluie ». Par contre, en été, ils prennent plaisir à se donner des airs de Pacific Blue avec leurs shorts et leurs lunettes de soleil. Et sur leurs nouveaux vélos, promis pour le printemps, ils devraient avoir fière allure !